SHAO Société Historique et Archéologique de l\'Orne

Présentation du conférencier par Gérard BOURDIN

            Jean-Claude Ruppé a animé, avec d’autres, le groupe des historiens flériens, ce que Gabriel Désert, professeur à l’université de Caen a appelé l’école historique de Flers. Dans les années 1970, un groupe d’anciens étudiants a fini par diriger le Pays-Bas Normand (équipe qui maintenant ne souhaite qu’une chose : se faire à son tour détrôner par des jeunes)

         Jean-Claude, chercheur, s’impose dès 1976 en publiant avec Jean-Claude Almin,  Flers et son canton (1870-1914) L’ouvrage montre les rouages des Révoltions économiques et des comportements démographiques. Flers, ce sont les métiers à main et les cheminées d’usine. C’est la ville de la Révolution industrielle. Industrialiser, réindustrialiser, c’est un thème d’ « histoire longue » ;

          Jean-Claude Ruppé est un de nos férus d’histoire quantitative,  économique, sociale dans le sillage de l’école des Annales de Lucien Febvre et Marc Bloch, alliage de savoirs et de rigueur. Jean Claude a poursuivi ses recherches sur le textile flérien.

         La statistique, c’est comme l’argent, on en a besoin, ça ne suffit pas. Trop de chiffres donne mal à la tête. Jean-Claude l’a compris, au-delà des structures, il aime les individus et leur liberté...C’est un pilier de la généalogie locale, les mariages, les naissances, les stratégies familiales, les déménagements, les métiers, la vie ! Il pratique une généalogie sociale.

         Jean-Claude va de l’avant. A l’intérieur du canton, Il a joué de la ville, du péri urbain, de la ruralité, de leurs rapports. Jean-Claude Ruppé est connu comme le loup blanc par les maires ruraux. Il le fut en particulier du Pierre Salles maire d’Aubusson. A partir de 1976 et pendant 46 ans, il a rédigé des articles dans le Bulletin municipal, en particulier sur l’histoire des maires de la commune, vrais modèles de méthode. La fidélité dans l’engagement, c’est une des marques de l’auteur. Le conseil général lui a alors remis la médaille départementale.

         Novateur, Jean-Claude s’est penché sur la Première guerre, à une époque où la seconde dominait dans la recherche. Son fils Jean-Christophe a  poursuivi le sillon jusqu’à des horizons universitaires. Et le bulletin municipal a publié son travail, « Les hommes d’Aubusson dans la guerre. Approche local d’un conflit mondial ».Les Ruppé ont leurs règles. Rester abordable Ne pas enfermer l’histoire locale dans le localisme. Avoir une problématique, expliquer le nombre de morts par rapport aux métiers ; les paysans meurent beaucoup, les ouvriers du textile aussi. Les métiers plus qualifiés beaucoup moins. Toujours compter, toujours vibrer. Vibrer par exemple pour les monuments aux morts de Marcel Pierre,

         Nous n’avons pas tout abordé. Serviable, c’est de plus un excellent relecteur. Beaucoup d’entre nous ont profité de son œil qui passe les textes au scalpel.

         Jean-Claude Ruppé a été professeur au lycée Jean Guéhenno, Jean Guéhenno écrivain académicien, est natif de Fougères,  nous retrouvons la problématique des villes industrielles de l’Ouest...

Flers, ville industrielle émergente au XIX^ème siècle

Pour la dernière conférence du cycle 202-2023, la SHAO avait convié Jean-Claude Ruppé, historien  bien connu sur la place de Flers.

Jean-claude RUPPÉ

La conférence était consacré à une histoire méconnue de cette cité ornaise : la première moitié du XIXe siècle qui vit celle-ci, dans un environnement  hostile en 1800,  devenir en 1900 la 5^ème ville de Basse-Normandie. Ce développement s'appuia notamment sur l'industrie textile autour du coton. Les usines de  la Planchette et  de la  Blanchardière en furent de beaux fleurons.

 La Planchette et la Blanchardière

         Selon le conférencier « Au temps de la Révolution, Flers est une bourgade enclavée dans un environnement naturel hostile, son toponyme lié « au thème de l'eau joint à celui de la topographie » évoquant ce site de cuvette marécageuse. Comptant 600 habitants agglomérés au bourg et plus de 2 000 dans de nombreux hameaux, soit 2,5 % de l'effectif du district de Domfront, ce n'est en effet qu'une localité rurale. Un siècle plus tard, Flers et sa périphérie concentrent 1/5^ème de la population du Domfrontais. Cette ville en est devenue le pôle majeur et, avec 14 000 habitants, elle s'est hissée au cinquième rang des centres urbains de Basse-Normandie, ce derrière Alençon et Lisieux qui étaient 4 à 5 fois plus peuplées en 1800.

                        Comment et pourquoi cette émergence qui n'a de comparable dans le contexte bas-normand que celle de l'agglomération cherbourgeoise ?

                        Le facteur majeur de cette croissance démographique est une forte immigration. Or les aptitudes naturelles ne pouvaient favoriser en ce lieu la naissance d'une ville. Ce sont donc les hommes qui l'ont suscitée du fait de l'existence d'une tradition commerciale confortée, de la conjonction de l'innovation de fabricants entreprenants et de l'abondance d'une main-d'œuvre constituant une « armée de réserve », du bénéfice d'un désenclavement routier puis ferroviaire et, en résultante, de la « révolution industrielle ».

L'aboutissement de tout ce développement fut le temps de la « révolution industrielle ».

L'industrie cotonnière flérienne en 1906 (J. . Almin- J.C. Ruppé)

 La gare de Flers vers 1900

Les questions au public : Gérard Bourdin, autre historien du Bocage ornais...

Le nouveau cycle de conférences 2023-2024 débute le samedi 14 octobre 2023 avec Christian CHARTIER, nouveau membre du conseil d'administration de la SHAO : 

« Saint-Gervais-du-Perron, de la voie royale à la voie rapide »