SHAO Société Historique et Archéologique de l\'Orne

Conférence d’Yves Roth Samedi 9 février 2013 Le Gagne-Petit à travers ses agendas

Conférence d’Yves Roth

Samedi 9 février 2013

Le Gagne-Petit à travers ses agendas

 

Un public très important, parmi lequel de nombreux anciens alençonnais, avaient accepté l’invitation d’Yves Roth à sa présentation de ce magasin presque mythique qui a laissé des traces vivaces sur la place alençonnaise.

                  
      Yves Roth  - Le conférencier et Mélise Wojciechowski secrétaire générale de la SHAO  

Le conférencier du jour est bien connu des membres de la SHAO en tant que bibliothécaire (depuis 18 ans) et chercheur souvent présent aux Archives départementales de l’Orne.

Selon Yves Roth, « Tout passant qui se dirige vers le quartier Montsort devait, après avoir franchi le Pont-neuf s’arrêter devant ce qu’on appelle la galerie marchande et lever les yeux : tout en haut, il apercevra l’enseigne du « Gagne-Petit », un grand magasin, peut-être le plus important de la région fondé au milieu du XIXe siècle ».

 

Dans une première partie, s’appuyant sur des visuels très explicites, le conférencier du jour a retracé l’historique de cet établissement de sa création en 1844 par Pierre Romet, fils d’un marchand de bois de Saint-Pierre-des-Nids jusqu’à son changement s’enseigne par les « Nouvelles Galeries » en 1965, à la fermeture définitive de celui-ci suivi de l’ouverture de la « Galerie marchande du Pont-Neuf » en 1985.

Pendant Huit décennies  ce magasin a proposé des produits tels que vêtements (à la coupe), linge, toiles, tapis, etc.,  rayonnant bien  au-delà de la ville.

Ses méthodes de production et de vente se sont inspirées de celles des grands marchés parisien notamment « Au bon marché » crée par Boucicaut (un ornais originaire de Bellême) : construction somptueuse, grandes surfaces de vente, étalages imposants, produits étiquetés et changeables, distribution différenciée (gros, ½ gros, détail), expositions, soldes, calendrier des produits, vente par correspondance, manufacture propre au magasin rues des Poulies…

La vie sociale à l’intérieur de cette entreprise n’était pas de reste, avec l’installation dès la fin du XIXe siècle d’une amicale d’entraide, le repos hebdomadaire le dimanche après-midi  passant ensuite au dimanche entier pour les salariés, puis les allocations familiales, une pouponnière, etc.

Lors d’une seconde partie, Yves Roth a évoqué les agendas.

Parmi les « produits d’appel » du magasin, dans le cadre d’une stratégie commerciale bien établie, figuraient ces fameux agendas qui parurent de 1896 à 1936 (excepté celui de 1916). Les rédacteurs en restent inconnus mais évidemment les contenus devaient avoir l’aval des propriétaires de l’époque, Charles et Paul Romet. De nombreux textes présentent jugements et sentiments propres à cette époque. Selon Yves Roth, il serait cependant bien imprudent de porter un quelconque jugement moral sur la famille mais plutôt d’y voir transparaître les valeurs véhiculées par cette famille bourgeoise.

En dehors des calendriers proprement dits, de nombreux textes sur la vie quotidienne, des poèmes, voire des bandes dessinées ainsi que d’autres textes à visée historique voire politique viennent enrichir les pages. Trois phases distinctes peuvent être  repérées au gré des aléas des évènements de l’époque ;

-         l’avant-guerre 1914-1918, où on note un effet belliqueux et un patriotisme exacerbé qui appelle au conflit contre l’Allemagne,

-         la période de guerre pendant laquelle on soutient le conflit et on essaye de réconforter au mieux en espérant la victoire,

-         l’après-guerre qui voit les conséquences du conflit clairement explicitées mais où sont aussi présentées les voies du redressement pour la France. On  y note aussi une présentation plus importante des textes à visée religieuse, regain de la religion en ces temps troublés ?

Conjointement aux textes, de nombreuses illustrations  furent incluses dans ces agendas sous des formes variées jusqu’à l’entre deux-guerres : dessins, photographies, gravures sur bois). Cette iconographie représente au mieux la ville d’Alençon à la charnière XIXe-XXe siècles et constitue pour les historiens comme pour les amateurs d’art une source incontournable.

Suite à la conférence, après la séance de questions posées au conférencier, plusieurs personnes, anciens employées du magasin ou membres de la famille Romet ont pu proposer témoignages et anecdotes sur cette enseigne qui a décidément marqué le paysage alençonnais. Il faut espérer qu’un jour la rédaction d’un article pour le bulletin de la SHAO. Yves au travail…

L’après-midi se terminait par la consultation de plusieurs agendas appartenant  à la SHAO et apportés par Yves Roth.

      

Prochaine conférence et Assemblée générale : Samedi 8 mars

Dominique Cliquet, archéologue et conservateur du patrimoine à la DRAC de Basse-Normandie viendra évoquer « Les premiers hommes en Basse-Normandie », conférence à l’issue de laquelle se tiendra l'assemblée générale de la SHAO.

 

 



21/02/2013
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