SHAO Société Historique et Archéologique de l\'Orne

Conférence de Véronique Gazeau du 10 décembre 2011 sur la bataille de Tinchebray de 1106

Conférence de Véronique Gazeau

La bataille de Tinchebray en 1106

Samedi 10 décembre 2011

 

La salle Baudelaire accueillait Véronique Gazeau pour la dernière conférence de l'année 2011.

 

Celle-ci est venue présenter la bataille de Tinchebray en 1106, événement marquant pour l'histoire de la Normandie et de l'Angleterre qui se déroula en 1106 entre deux fils de Guillaume le Conquérant et qui scella la victoire d'Henri 1er  Beauclerc sur Robert Courteheuse.

Ce sujet a d'ailleurs fait l'objet d'un colloque en septembre 2006 dans cette même ville, co-dirigé par Véronique Gazeau et Judith Green. Les actes de ce colloque sont disponibles dans le bulletin n°3-4/ 2008 du Pays Bas-Normand.

La conférencière a d'abord pris soin de préciser qu'avec cet évènement, il fallait agir avec prudence compte-tenu des sources disponibles,  et de leurs lacunes : lettres du roi vainqueur à Anselme, l'histoire ecclésiastique  d'Ordéric Vital, etc.  Prudence donc quant à la date du 28 ou du 29 septembre, prudence quant au nombre des acteurs (le chiffre avancé par Henri, de 400 chevaliers de Robert tués  par ses troupes semble largement surestimé), prudence quant au lieu exact de la bataille (deux ou trois endroits possibles sur Tinchebray).

Que retenir de cette bataille ?

-         un contexte : s'affrontent deux camps, en contentieux depuis longtemps et dont les dernières escarmouches les ont conduits à Saint-Pierre-sur -Dives avant Tinchebray : celui de Robert Courteheuse, fils aîné du Conquérant, qui devient Duc de Normandie en 1087 à la mort de son père, et qui depuis s'était illustré en croisade et celui de Henri 1er Beauclerc, le troisième de la fratrie, devenu roi d'Angleterre suite à la mort du second fils, Guillaume le Roux en 1100.

-         un dispositif particulier : Henri 1er s'appuie sur l'aristocratie anglaise dont Robert de Meulan, probablement 2100 chevaliers et un  certain nombre d'hommes à pied, une structure de contre-château en bois avec son chef. Robert Courteheuse compte à ses côtés l'aristocratie normande, 400 ( ?) chevaliers,  10 000 gens à pied et le château de Tinchebray.                       

-         un prélude à la bataille portant un message de conciliation : médiation de l'ermite prédicateur Vital, arguments et menaces de chaque camp, messe.

-         un bref combat : la localisation précise n'est pas connue et il semble que l'armée d'Henri présente trois corps d'armée et sa cavalerie en embuscade. Mais celui-ci donne l'ordre de combattre à pied pour bien marquer du fait qu'il a envie que la bataille dure. De façon assez surprenante ses hommes à pied gagnent contre les cavaliers de Robert. Le fidèle allié de celui-ci, Robert de Bellême prend d'ailleurs la fuite et le duc de Normandie est capturé ; c'est la fin  du combat qui a duré une heure ! Au bilan : 2 morts pour les troupes de Henri et 225 (chiffres fournis par ce dernier) pour l'armée de Robert.

-         des conséquences : c'est une victoire pour Henri 1er certes, mais une victoire non glorieuse, qui lui permet cependant de recueillir la Normandie. Comment Robert, aguerri par ses chevauchées au Moyen-Orient a-t-il pu céder si facilement ?  Il est possible que celui-ci soit revenu fatigué, affaibli physiquement de ce périple et peut-être aussi diminué politiquement (il avait laissé le duché à son frère Guillaume Le Roux avant son décès en 1100). Faut-il y voir comme les contemporains (thèse largement accréditée par les partisans d'Henri) le Jugement de Dieu ?

Quoiqu'il en soit, les conséquences, militaires, politiques et religieuses sont nombreuses dans le duché. Suite à la bataille, tout un discours de propagande  est alors délivré pour convaincre les appuis locaux, politiques et religieux de la nécessité du combat mené et des changements à engager pour la gestion du nouveau territoire couvrant le duché de Normandie et le royaume d'Angleterre... 

Robert Courteheuse, le frère battu, est emprisonné à Cardiff, mais semble t-il, en semi liberté,  et finit ses jours en 1134. 

 Prochaine conférence : Samedi 14 janvier 2012 à 14h30 avec Jean-Pierre Bréard sur les contrats de mariage dans le Houlme aux XVIIe et XVIIIe siècles.



11/12/2011
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